Il a donné ses lettres de noblesse au reportage photographique.
Jamais avant lui un sujet, qu'il relève de l'Histoire ou de la vie quotidienne, n'avait été traîté avec tant d'intelligence dans l'analyse, d'acuité dans la vision, d'équilibre dans la composition.
Cette constante harmonie entre la forme et le fond, mais aussi la remarquable économie des moyens employés, placent d'évidence Henri Cartier-Bresson parmi les grands classiques de la photographie. Jean Clair, dans: Henri Cartier-Bresson. (Collection Photo Poche. Delpire Editeur, Paris)
A lire..
La bibliographie consacrée à Henri Cartier-Bresson est abondante.
Voici deux ouvrages - l'un en format poche, et l'autre en édition de luxe - à recommander sans hésitation.
- Henri Cartier-Bresson. texte de Jean Clair. Collection Photo Poche. Delpire Editeur, Paris, 1982.
- Henri Cartier-Bresson - L'Art sans Art. Texte Jean-Pierre Montier. Flammarion, Paris, 1995.
A méditer...
Tout être humain est artiste potentiel, c'est-à-dire un être sensible Les Cahiers de la photographie,nƒ18, 1986, conversation avec Gilles Mora
Il n'y a pas d'école de sensibilité, ça n'existe pas, c'est impensable. Il faut un certain bagage intellectuel, je ne parle pas de culture, mais de s'enrichir l'esprit et de vivre. "Henri Cartier-Bresson à Arles", 1979
La photographie n'a pas changé depuis son origine, sauf dans son aspect technique, ce qui, pour moi, ne constitue pas une préoccupation majeure. L'Imaginaire d'après nature:texte rédigé en 1980 pour l'exposition organisée au Musée d'Art Moderne à Paris, en 1981. Repris dans: L'Imaginaire d'après nature - Disegni, dipinti, fotografie di Henri Cartier-Bresson, Giulliana Scimé éd., Milan, 1983
C'est tellement difficile de regarder. On a l'habitude de penser, on réfléchit tout le temps, plus ou moins bien, mais on n'apprend pas aux gens de voir... Apprendre à regarder prend énormément de temps. "Henri Cartier-Bresson à Arles", 1979
La grande passion, c'est le tir photographique, qui est un dessin accéléré, fait d'intuition et de reconnaissance d'un ordre plastique, fruit de ma fréquentation des musées et des galeries de peinture, de la lecture et d'un appétit du monde. Les Cahiers de la photographie, 1986, op.cit.
Une photographie est pour moi la reconnaissance simultanée, dans une fraction de seconde, d'une part de la signification d'un fait et de l'autre, d'une organisation rigoureuse des formes perçues visuellement qui expriment ce fait. Et cette organisation, cette rigueur, elles vous échapperont toujours si vous ne savez pas ce qu'est un tableau, si vous ne comprenez pas que la composition, la logique, l'équilibre des plans et des valeurs sont les seuls moyens de donner un sens à ce qui se fait et se défait sans cesse devant vos yeux. Entretien avec André Fermigier, Le Nouvel Observateur nƒ309, 12 octobre 1970
Le photographe devra respecter l'ambiance, intégrer l'habitat qui décrit le milieu, éviter surtout l'artifice qui tue la vérité humaine, et aussi faire oublier l'appareil et celui qui le manipule. Henri Cartier-Bresson, "L'Instant décisif",Images à la sauvette, conçu & réalisé par Tériade, Paris, Verve éd., 1952
Il faut qu'un portrait soit une façon de poser une question, et puis la réponse vient au moment où on appuie. C'est très difficile, parce qu'une expression est une chose si fugace. Il ne faut pas que ce soit juste un geste, une mimique, une chose passagère. Il faut quelque chose qui reflète en profondeur. L'Environnement poétique, prod. Vera Feyder, France Culture, 6 février 1969
Le reportage est une opération progressive de la tête, de l'oeil et du coeur pour exprimer un problème, fixer un événement ou des impressions. Henri Cartier-Bresson, "L'Instant décisif", 1952, op. cit.
En ce qui me concerne, photographier est un moyen de comprendre qui ne peut se séparer des autres moyens d'expression visuelle. C'est une façon de crier, de se libérer, non pas de prouver ni d'affirmer sa propre originalité. C'est une façon de vivre. L'Imaginaire d'après nature [...],1980, op.cit.
Quand le dormeur éveillé mais encore à demi plongé dans ses
mille et une nuits rencontre Robert Doisneau qui lui sourit dans la pauvre lumière de
la périphérie, il sourit aussi ou simplement le regarde avec une indifférence
amusée et se laisse tirer le portrait. Sans méfiance, car quelque chose lui dit
qu'il est en pays de connaissance et qu'il a affaire à un compagnon de voyage, un compatriote
de la vie.
Alors, du plus défait, du plus dévasté des visages surgit une lueur presque
heureuse, un flash, et la photo est d'une simplicité bouleversante tout simplement parce
que le photographe a été bouleversé.(...)
Cela, Robert Doisneau le sait et lorsqu'il travaille à la sauvette, c'est avec un humour
fraternel et sans aucun complexe de supériorité qu'il dispose son miroir aux alouettes,
sa piègerie de braconnier et c'est toujours à l'imparfait de l'objectif qu'il
conjugue le verbe photographier. Jacques Prévert, dans: "Portrait de Doisneau"
A lire..
A l'imparfait de l'objectif -- Robert Doisneau Belfond; Paris, 1989 ISBN 2714422705 ou: Éditions Actes Sud; (coll. Babel) Arles, 2001; ISBN 2742731822 (format Poche)
Mémoires, témoignages, biographies. Échange épistolaire de cinq
années avec Jean-Luc Mercié, l’éditeur original du livre chez Belfond.
Les Doigts pleins d'encre -- Cavanna (texte) et Robert Doisneau (photos) Éditions Hoëbeke (Collection Dois); Paris, 1989; ISBN : 2842300920
Lettre à un aveugle sur des photographies de Robert Doisneau -- Sylvain Roumette et R. Doisneau Éditions Le Temps Qu'il Fait; Cognac, 1990 ; ISBN : 2868531008
Illustré de 40 photos, c’est le premier essai véritable sur l'oeuvre de Doisneau.
Robert Doisneau, la vie d'un photographe -- Peter Hamilton Éditions Hoëbeke (Collection Dois); Paris,1995; ISBN : 2905292873
Présentation de la vie et de l'oeuvre du photographe. 500 photographies.
Le texte, à la fois biographique et critique, éclaire le parcours du photographe.
En annexe, on trouvera une synthèse thématique du classement des quelques 300.000
négatifs conservés, une chronologie des expositions et une bonne bibliographie.
Un certain Robert Doisneau -- Robert Doisneau Éditions du Chêne (coll. Photo); Paris, 1999; ISBN : 2842771915
Recueil d'environ 170 photos, commentées et regroupées par thèmes.
Dans la préface, réflexion du photographe sur son art.
Pour la liberté de la presse -- Robert Doisneau Éditions Reporters sans Frontières; Paris, 2000; ISBN 2908830493
Recueil de 74 photos. Préface: "Souvenirs haletants" de Doisneau
A visiter..
MAISON ROBERT DOISNEAU
1 Rue de la Division Leclerc
94257 Gentilly
Tél : 01.47.40.88.33 Fax : 01.45.47.97.83
Ouvert mercredi et vendredi de 12 h à 19 h ainsi que le samedi et le dimanche de 14 h à 19 h.
A méditer...
Quand j’ai sauté en marche dans la photographie, elle était en bois. Aujourd’hui, la voici
devenue quasiment électronique. Je reste le nez à la portière avec la même curiosité
que le premier jour. A l'Imparfait de l'Objectif, souvenirs et portraits - Belfond, Paris, 1989
Je ne suis pas (...) collectionneur, puisque je pense immédiatement à qui je vais offrir
l'image qui a bien voulu se laisser apprivoiser. Une générosité qui n'est peut-être pas
gratuite, je guette la réaction du receleur. C'est un test qui peut me dire si j'ai su
rapporter quelque chose de l'émotion originelle. A l'Imparfait de l'Objectif, souvenirs et portraits - Belfond, Paris, 1989
Observer la lumière comme on observe les formes. Alors il y a la sensibilité, il y a les
petits drames qu'on vit, ces émotions qu'on a reçues, qu'on accumule malgré soi,
inconsciemment, et puis qu'on va pouvoir restituer parce qu'on connaît les limites de ce
sacré métier. Terrasses et Compagnies - Équinoxe, Paris, 1994.
Je pense que si moi j'étais prof de photo dans une école, il y aurait un cours de pêche à
la ligne. Ça enseigne aussi la patience. On croit qu'il va y avoir un miracle. Et ça se
produit le miracle quand on y croit. Pêche à la ligne... Arrangement floral, aussi je ferais
ça. Mais on ne m'a pas encore demandé d'être dans l'enseignement. Terrasses et Compagnies - Équinoxe, Paris, 1994.
Maintenant le comble de la maladresse est de parler de patience; et pourtant il n'y a pas d'autre
méthode pour apprendre à appivoiser le hasard heureux dont la complicité est indispensable.
Avoir de la patience ce n'est pas payer trop cher le bonheur d'être un instant le témoin stupéfait
d'une harmonie que l'on ne prévoyait pas. Pour la Liberté de la Presse - Reporters Sans Frontières, Paris, 2000.
Il n'y a pas de recette, ce serait trop simple, mais toutes ces images qui vieillissent aimablement
ont été faites d'instinct avec une totale confiance en l'intuition qui apporte
bien plus que le raisonné, et c'est méritoire car il faut oser être bête;
c'est si rare à une époque pleine de gens intelligents qui savent tout et ne regardent plus rien. Pour la Liberté de la Presse - Reporters Sans Frontières, Paris, 2000.
Il est des jours où l'on ressent le simple fait de voir comme un véritable bonheur;
on est léger, léger; les flics arrêtent les voitures pour vous laisser passer.
On se sent si riche qu'il vous vient l'envie de partager avec les autres une trop grande jubilation. (...).
Le souvenir de ces moments est ce que je possède de plus précieux. Peut-être à
cause de leur rareté. Un centième de seconde par-ci, un centième de seconde par-là
mis bout à bout, cela ne fait jamais qu'une, deux, trois secondes chipées à l'éternité. Pour la Liberté de la Presse - Reporters Sans Frontières, Paris, 2000.